JOUR 29 :CEE - FISTERRA ( 13 kms)
Bonjour,
J'ai le plaisir de partager avec vous la dernière étape du Camino Frances.
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Bonne lecture !
Retrouvez moi sur ma page Facebook : quelques pas sur le chemin :-)
Samedi 28 Avril 2018.
7h30.
J'ouvre un œil , découvrant de ma fenêtre le soleil qui vient danser sur les eaux de la baie endormie.
Tout en faisant mon sac tranquillement, je ne sens aucune douleur résiduelle de mon périple d hier. Le corps a cette capacité surprenante à se régénérer très vite en une nuit.
C’est le dernier jour. Il nous reste à peu près 15 kms à faire avant de poser nos derniers pas sur le Faro del Fisterra, ou nous attend la borne zéro.
Je me sens étrangement calme, posé en déjeunant avec kursten.
Lui aussi ne laisse rien paraître.
Tout en savourant mon café, je reste songeur sur le souvenir de notre rencontre.
Le 1er jour, nous avions marché ensemble vers Roncevaux. Il faisait froid.
Je l’avais encouragé alors qu’il était en difficulté physique sur la partie pentue de ce parcours, avec un bon dénivelé qui cassait bien le rythme et les jambes.
En ce dernier jour, nous sommes de nouveau ensemble pour terminer l’aventure vers Fisterra.
Magie du Camino. Cela devait être ainsi..
9h15.
Après avoir longé la baie, Le ton est donné avec la 1ère petite côte pour rejoindre le chemin côtier.
Peu importe , nos pas sont légers, et chacun dans ses pensées, nous avançons sur des sentiers bucoliques où il fait bon flâner et goûter chaque instant avec gourmandise.
La température a monté aussi d un cran pour avoisiner maintenant les 18 degrés.
Les kms défilent et la baie de Fisterra se fait plus belle, plus précise comme une esquisse bleutée qui vient vous livrer ses derniers secrets.
Nous y sommes. Fisterra, nous voilà !
Je souris intérieurement de me voir marcher le long d une plage.
Notre fin de périple prend des allures de vacances balnéaires.
Lunettes de soleil, short, tee-shirt. Seul le sac à dos, qu’on oublie parfois, nous différencie des autres vacanciers qui flânent le long de la mer.
Une borne nous alerte : 2,2 kms avant le point zéro, le graal du pèlerin.
Dernière montée vers le phare ou le chemin serpente au dessus de la mer.
Toujours en silence mais l’excitation monte d’un cran.
Quelques sourires échangés avec ceux qui redescendent.
Derniers mètres pour arriver sur une grande place parsemée de bus et de locaux venus voir la vue.
Un peu déconcertant au premier abord.
Nous dépassons la place et nous l’apercevons.
Elle est là.
Notre borne zéro, celle qui en silence vous dit : «Bravo, tu y es arrivé»
Difficile d’expliquer ce qui se passe en soi à ce moment là.
C’est comme une validation, une explosion intérieure avec une bouffée d’émotions ou tu peux enfin tout lâcher.
Les cris, les larmes peuvent enfin jaillir.
Un mélange de fierté, de joie te submerge.
On se fait un hug avec Kursten, puis une photo pour immortaliser ce moment.
Je réalise à peine.
j ai fait ces 880 kms.
Je me sens grisé par ce moment intense, tandis que d'autres pèlerins qui arrivent, rient , pleurent, se congratulent.
C'est une connexion partagée, ou, sans se parler, nous nous sourions car chacun sait les joies et les difficultés que l'on a pu rencontrer sur ce chemin.
C'est un cadeau que l'on s'est fait.
Alors on se regarde simplement et on se sourit, et tout est dit dans ce sourire.
Kursten repart assez vite, discrètement, toujours dans cette pudeur qui le caractérise. On pourra peut-être se recroiser au départ du bus qui devrait nous ramener vers Santiago.
Je me pose seul sur un banc, pour contempler la mer.
Prendre le temps pour chaque chose.
Goûter ce moment exquis de l’arrivée.
Être juste dans ce moment présent.
Puis je me rapproche du phare, point d’attraction des touristes.
Je commence à descendre entre les rochers, endroit encore très fréquenté.
J’ai la joie de croiser Inga. au même moment, qui remonte d un surplomb escarpé.
On se fait un gros hug, pas trop de mots pour partager simplement sur ce moment intense d’arrivée. Tout se lit dans le regard, comme chacun, parvenu jusqu’ici.
Elle va continuer vers MUXIA faire l’autre boucle.
Un dernier au revoir et je m’éloigne encore plus dans les rochers , plus bas, là ou les touristes ne vont pas.
Enfin au calme. Je sors ma sacoche et, comme lors d’un moment sacré, je libère par le feu toutes les intentions données pour que toute l énergie accumulée durant ce périple apporte à chacun et chacune enfin concrètement les réponses.
Tandis que je regarde les flammes dévorer leurs papiers, j ‘imagine l’énergie des réponses partir instantanément vers son auteur (rice).
Je vais brûler également une vieille paire de chaussettes pour symboliser la fin d’un cycle et terminer en jetant ma pierre dans la mer.
Un sentiment profond de paix m’envahit.
Je vais rester plus d’une bonne heure ainsi à regarder les vagues, le bleu ridé de la mer sous le voile cotonneux de l’horizon.
Cet horizon, ce lointain… cela résonne en moi comme un nouveau lendemain, une nouvelle chance d’être soi, d’être celui qui va récolter toutes les graines semées depuis ce 1er Avril, date de mon anniversaire ou je suis parti, le coeur lourd.
Je ne suis plus cet homme désuni, empli de certitudes, quelquefois tenaces, mais aussi nourri d’un désarroi trop pesant , alimenté par tant de doutes sur le sens de ma vie.
Marcher m’a redonné ma flamme, ma force de vie que je noyais dans une activité physique intense.
J’ai retrouvé la foi, pas celle que l’on pose dans un cadre religieux.
Non, cette foi intérieure qui brûle en vous, qui peut vous faire déplacer des montagnes parce que vous « savez intérieurement ».
Cette foi est votre boussole.
Elle vous fait avancer sans connaître la destination, le port d’attache, le lieu qui vous accueillera, les gens qui croiseront votre chemin, les épreuves et les signes.
Peu importe. Cette boussole connaît la direction et vous lui faites confiance.
C’est cela la Vie. Suivre le flow.
Je sais, en regardant cette ligne d’horizon , que je suivrai ma boussole, désormais.
et article vous a plu ?
N'hésitez pas à me laisser un commentaire à la fin de l’article ou le partager :-)
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Pour les portions :
- pour lire le début du chemin en Espagne " Camino Frances" ici
- le chemin "Aire sur l'Adour - Saint Jean Pied de Port" ici
- le chemin " Conques - Aire sur l'Adour " ici
Pour le début de l'aventure depuis le PUY EN VELAY, cliquez ici