JOUR 24 : PORTOMARIN - SAN XULIAN (28 kms)
Bonjour,
J'ai le plaisir de partager avec vous une nouvelle étape du Camino Frances.
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Bonne lecture !
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Lundi 23 Avril 2018
J- 2 avant l’arrivée à Santiago.
Voici la 1ère pensée lorsque j’ouvre les yeux ce matin.
Sentir cette « ligne d’arrivée » si proche, qui nous appelle, nous réveille tôt.
Un bon café pour moi, et tout en regardant Kursten avaler son petit déjeuner, je laisse les images flotter devant moi.
Un bric à brac de souvenirs liés au chemin, d’images fugaces de personnes chères à mon coeur, viennent colorer mon paysage intérieur.
J’ai toujours été un grand rêveur, marchant dans les plaines secrètes des « peut-être » ou viennent danser mes envies, mes désirs secrets, les signes de la Vie pour construire de nouveaux possibles.
Leur donner de la place est important sans laisser pour autant cet espace intérieur vous couper du réel, du flow qui vous pousse vers l’avant, vers l’action, comme un semeur de graines qui oeuvre pour planter sa future récolte.
Le bruit de nombreux pèlerins dehors me sort de mes pensées.
Karsten part devant, toujours avec cette même méticulosité, ces mêmes gestes, ce même regard bleuté empreint de sérieux.
« See you later. »
Il sait que j’aime marcher seul, à mon rythme sans fixer d’étape, ni d’heure et que chaque matin peut être le dernier ou l on se verra.
Le fléchage m’emmène en lisière de foret ou je rencontre Phil, un itinérant philosophe qui vit sur le chemin. « Le chemin est ma maison » me dit-il en me racontant brièvement son histoire de vie chaotique qui l’a broyé un peu dans sa chair et son âme. Il cherche a construire un chariot pour emmener ses affaires , vivre ainsi de mendicité et de musique, tel un troubadour d’une autre époque.
Touché par sa sincérité, je lui laisse un billet et lui souhaite de réaliser son rêve.
(D’ailleurs, ami(e) lecteur(rice), si vous le croisez sur le chemin avec son chien, saluez le de ma part et si votre coeur vous le dit, laissez lui un peu de monnaie…. )
En quittant Portomarin, je savais que cette étape serait particulière.
En effet, beaucoup d’espagnols viennent, à partir d’ici, effectuer les 100 derniers kms pour obtenir leur certificat de pèlerin, qui peut être un plus pour certains dans leur vie quotidienne.
Après ce démarrage en foret ou la présence plus nombreuse se fait sentir, la surprise me tombe dessus au bout des 5ers kilomètres.
Cela dépasse tout ce que j’aurai pu imaginer.
Des cars qui déversent des troupes de jeunes en tenue bleue uniformisée..
Des chemins bondés de groupes de personnes agglutinés,arrivés comme par magie, qui parlent, qui chantent.
Marcher devient un exercice de vitesse sur les chemins rétrécis par endroits.
Au revoir la tranquillité, le charme des sentiers qui s’éveillent ..
Bonjour l’autoroute des marcheurs des cents kms ..
Ne voyez pas de jugement dans mes propos.. Ce serait injustifié et déplacé, de ma part.
Simplement je vous partage mon effarement face à tous ces attroupements, tout ce monde que nous ne sommes pas habitués à rencontrer sur le chemin.
Vous devrez, vous aussi, vous préparer à cette cohue festive des 100 derniers kms, souvent racontée par ceux qui ont fini le périple.
Accélérer et mettre un peu de distance entre moi et tout ce monde.
Dans ce chemin de terre qui grimpe un peu, et malgré qu il soit plus de 10h30, une nappe de brouillard nous enveloppe et recouvre entièrement la plaine. La vision se réduit et de nouveau on s’installe dans une solitude brumeuse.
Seuls les bruits de voix de groupes viennent résonner comme des échos à mes oreilles, dans ce décor fantomatique. Cela n’est pas sans rappeler une ambiance de film ou l’imprévisible va surgir, soudainement, brutalement devant soi ou sur les cotés.
Mais ce matin, seuls surgiront des groupes, puis des groupes, puis encore des groupes sur les bas cotés aménagés, sur les vieilles routes de campagne.
Petit arrêt à VENTAS DE NARON dans une chapelle ou un homme est là, debout à vous donner une icône pieuse contre une pièce à votre bon coeur. Je réalise seulement au bout de quelques secondes, que cet homme est aveugle, d’où sa façon particulière de me toucher les mains pour apposer le cachet sur la crédenciale.
Drôle de vie ou des centaines de gens défilent chaque jour devant toi sans pouvoir lire leur regard .
Cela me rend admiratif, ce courage, cette force de vie en chacun pour surmonter les contraintes.
Je le remercie en laissant un peu de monnaie.
Dehors, Le soleil est revenu et la chaleur aussi..
Les jambes sont un peu lourdes aujourd’hui et je sens que cela sera une petite étape. Envie de me poser tôt et de lézarder au soleil.
Après une pause «bocadillo » (ce qui est rare depuis le début)pour reprendre un peu d ‘énergie, je reprends le rythme des bords de chemin, tantôt ombragés, tantôt cernés par un océan de fleurs jaunes de colza.
Je suis toujours intrigué par ce que l’on peut voir sur les bords de chemin.
Au bord de cette route de campagne, je découvre, avant un cimetière, une sorte de monument funéraire scindé en de nombreux blocs compartimentés. Vu la longueur de coté, cela semble permettre d’accueillir non pas des urnes mais les cercueils des défunts ou l’on peut trouver sur les dalles verticales des inscriptions et des compositions florales.
Inhabituel pour moi de découvrir ce type de monument, presque en bord de route.
Une façon moderne de s’adapter aux contraintes face au manque de place pour nos morts, mème si elle contraste avec l’image de nos vieux cimetières de campagne.
Je vais passer rapidement Palas de Rei, petite agglomération de campagne aux nombreux commerces, services et hébergements, qui ne retiendra pas mon attention.
Vers 16h, j arrive enfin à San Xulian, hameau perdu entre champs, après des lisières de foret.
Je dépasse la sortie du village , ou un petit magasin artisanal « CASTILLO DEL LOBO » sur les pierres et colliers m’incite à le visiter. (voir lien sur facebook )
La gérante est très sympathique, et après quelques échanges, je repars avec un collier « l’arbre de vie » qui trouvera sûrement un cou bienveillant pour l’accueillir.
Je m’installerai à l’albergue « O’ABRIGADORIO » dans un dortoir mixte composé uniquement d’Anglais, d’Australiens et une néo zélandaise.
Détente au soleil devant une bière ou les Australiens, accompagnés de leur fille de 23 ans, me racontent leur périple et pourquoi ils sont venus le faire.
Repas ensuite le soir tous ensemble ou les conversations « anglophones » vont bon train, à un rythme ou je sens mes neurones « crépiter » pour arriver de temps en temps à garder une compréhension minimum des échanges.
21H30 .. tout le monde est dans son lit.
les corps se détendent.
Derniers messages sur les téléphones avant de reposer les paupières.
Je souris car le camino est vraiment un chemin de tous les peuples.
Mais si tu parles pas un minimum anglais, t es vraiment seul !!!
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Pour les portions :
- pour lire le début du chemin en Espagne " Camino Frances" ici
- le chemin "Aire sur l'Adour - Saint Jean Pied de Port" ici
- le chemin " Conques - Aire sur l'Adour " ici
Pour le début de l'aventure depuis le PUY EN VELAY, cliquez ici