COMPOSTELLE 2018: JOUR 14 : FROMISTA - CALZADILLA DE LA CURZA (26 kms)
Bonjour,
J'ai le plaisir de partager avec vous une nouvelle étape du Camino Frances effectué en 2018.
Dans cet article, vous pouvez cliquer sur les mots en gras soulignés qui vous emmèneront vers un site pour plus d’informations :-)
Bonne lecture !
Retrouvez moi sur ma page Facebook : quelques pas sur le chemin :-)
Vendredi 13 avril 2018
De nouveau sur le chemin.
Une sculpture représentant une femme avec des étoiles me souhaite bonne route pour ce nouveau périple.
Cela me fait penser à Marie, la Voix Étoilée, ma compagne.
Des images de nous deux reviennent, comme des vagues sur la plage de notre vie pour doucement repartir vers le large.
Je sens la tristesse descendre sur mon cœur.
Comme sur ce chemin, nos directions semblent irrésistiblement être différentes.
Je suis parti à la rencontre de moi-même, et elle est restée.
Je regarde cette image de femme sculptée, insaisissable.
Il me semble qu’elle me regarde partir en me souriant avec douceur et tendresse
Alors je lui souris et marche, les yeux mouillés, sans me retourner.
L’ église, dédiée a Sant Lorenzo, à REVENGA DEL CAMPOS me donne envie de m arrêter un peu pour sentir son atmosphère.
L’endroit est désert ce matin et pétri de lumière à l intérieur.
J’allume quelques bougies pour toutes ces belles intentions que je transporte.
Tout a coup, 2 sœurs surgies de derrière l’autel, mettent de l’encens et se mettent à chanter, emplissant la nef de ces notes cristallines.
Les lueurs des bougies semblent prendre vie et danser sur ces cantiques.
Le temps s’arrête.
Tout devient douceur.
La fin de leur chant me fait revenir à la réalité et je sors discrètement.
Dehors, le ciel grimaçant, me semble agréable en marchant vers VILLAMENTERO DEL CAMPOS.
A la sortie du village, je m’arrête dans une albergue très accueillante.
La décoration est cocasse avec quelques chaises, des tables de bar usées par le temps, des murs tagués de messages insolites et variés.
Le patron, jeune et bardé de tatouages chante et danse sur la musique.
Mon café sera joyeux, et ponctué d’éclats de rire.
Une visite d’église à VILLACALZAR DE SIRGA plus loin, dans un village sans bruit, sans vie, puis je trace mon chemin jusqu'à CARRIO DEL CONDES.
Cela fait presque 19 kms que je marche.
Pause tranquille sous les arbres ou je prends le temps de regarder le tracé qui m’attend, avec en œil de mire la stature imposante du monastère de San Zoilo, ancien refuge pour pèlerins.
Les 17 kms à venir s‘annoncent éprouvants.
Cette portion est souvent redoutée par les pèlerins car elle fait penser à un désert de campagne ou rien ne semble vivre ici.
De fait, le vent est là et la pluie menace.
Une pancarte « Don’t quit before the miracle » me dit que ça va être long.
Je découvre après quelques kilomètres que c est une interminable ligne droite qui semble te mener nulle part. La lumière grisâtre, l’absence de repères visuels me donnent l impression de ne pas avancer.
Tu as le temps sur ce chemin légèrement vallonné, d être à l’écoute de toi même.
J’ai remis la capuche pour m’isoler de ce vent qui vient bourdonner à mes oreilles.
Le corps se tend, les pieds chauffent, mon cerveau aussi parfois avec ces pensées.
Je regarde l’horizon qui reste inaccessible.
Derrière une butte, une autre butte, puis rien ..
J’ai l ‘impression d’être dans une zone intemporelle, une forme de néant ou seuls l’absence et le silence viennent te susurrer des messages a peines audibles.
Tu peux crier, hurler, pleurer, rire, chanter.
Personne ne t’entendra pendant ces prochaines heures.
Une chaussure sur une borne de Compostelle m’interpelle sur l ‘aspect cocasse de la situation.
Comment ce pèlerin a t il fini cette portion de chemin? En adaptant sa marche ? En changeant de chaussures s il en avait ? Qu'est ce que cela représentait pour lui ?
On peut penser simplement que sa godasse était abîmée mais est ce seulement ça ?
Cela a pu être « une invitation » forcée à changer de rythme, a ralentir et à sentir autre chose.
Certains endroits sur le chemin sont des zones de transition pour venir y laisser des choses ; une partie de toi dont tu n as plus besoin, un souvenir, un poids, une émotion.
L’allégement n’est pas seulement physique avec des fringues ou objets que tu laisses. Il est également intérieur.
Pour que viennent les réponses, tu dois d’abord faire de la place, aérer et rendre ce qui appartient à l’Ancien.
Alors seulement tu pourras entendre et sentir le frémissement du changement, quelque chose que tu ne peux décrire avec des mots mais qui vient te transporter, te mettre dans un état de légèreté.
Je le sentirais plusieurs fois au cours de mon périple de 880 kms.
Enfin le village qui se dessine à l’horizon, puis se rapproche lentement.
J arriverai juste avent la pluie, le corps exténué et l’âme lasse.
Mais toute fin de journée à ses récompenses.
Je retrouve par hasard mes compagnons de route : Robert Martens et Andreas dans l'albergue Camino Real.
Tous ensemble nous allons manger dans un bar ou le serveur parle super bien le français, et est un amoureux inconditionnel de notre culture.
Des moments de rire, de simplicité masculine ou tout est tolérance et philosophie comme me dira cet italien ou je lui partage ma vision sur le sens de nos pas sur Compostelle.
« Tou es oune philosophie »
Oui, je veux bien terminer la soirée sur cette note sympa ce soir !
Cet article vous a plu ?
N'hésitez pas à me laisser un commentaire ou le partager :-)
Envie d'en lire un peu plus ?
Pour les portions :
- pour lire le début du chemin en Espagne " Camino Frances" ici !
- le chemin "Aire sur l'Adour - Saint Jean Pied de Port" ici !
- le chemin " Conques - Aire sur l'Adour " ici !
Pour le début de l'aventure depuis le PUY EN VELAY, cliquez ici !
#saint jean pied de port-fisterra, #chemin de compostelle;, #camino frances, #revenga del campos, #villamentero del campos, #carrio de los condes, #Calzadilla de la Cueza, #silence, #solitude, #coeur