COMPOSTELLE 2018: JOUR 12 : BURGOS - CASTR0JERIZ (39 kms)
Bonjour,
J'ai le plaisir de partager avec vous une nouvelle étape du Camino Frances effectué en 2018.
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Bonne lecture !
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Mercredi 11 avril 2018
Je me retourne une dernière fois pour saluer Burgos, la cathédrale, les quelques nids de cigognes vides, vestiges d’un cycle annuel ou tout renaît, se transforme, prospère.
Le jour se nourrit d’une lumière grise sur fond de vent frais qui pique un peu ma barbe de 2 jours.
Ce matin, mes premiers pas se feront sans pluie.
Les nuages glissent sur cette lame d’horizon plus clair mais sans clin d’œil du soleil.
Je suis parti seul pour retrouver la quiétude de mes pas dans ce paysage détrempé ou l’odeur de la terre mouillée emplit mes sens.
Mes collègues de ces deux derniers jours se sont éparpillés et cela me va bien.
Besoin de ce moment avec soi, dans le silence de l’effort ou seul le bruit de mes pas berce mes pensées voyageuses sur cette langue de terre et de route, silencieuse de 6,5 kms.
Le temps se distille et seuls les quelques graffs sur Santiago viennent rompre la monotonie du paysage jusqu à TARDAJOS.
Une pause café de 15 mns dans un bar étape désert pour se réchauffer un peu, un sourire échangé avec la serveuse qui me demande en espagnol jusqu’ou je vais.
Nous réussissons à communiquer malgré le barrage de la langue et de mon espagnol très basique, en fait.
Au moment de partir, elle m’offre une petite médaille pour me souhaiter bonne chance jusqu à Compostelle.
Je suis touché par le geste, et cela me met du baume au cœur pour la journée.
2 kms plus loin , une petite chapelle attire mon attention à la sortie de RABE DE LAS CALZADAS.
Je m’arrête pour mettre une bougie pour les intentions que je transporte.
Une vieille dame, vêtue de noir, cachée dans un coin m’interpelle en espagnol
Devant elle, sont posés quelques marque pages avec des prières espagnoles, des pendentifs.
Elle m’explique avec des mots simples qu’elle est là tous les jours pour les pèlerins qui veulent prier et se reposer quelques minutes ici. Sa ferveur se lit dans ses yeux, malgré des traits fatigués par une longue vie de labeur.
Je souhaite lui prendre quelque chose mais elle refuse.
Elle me tend une petite médaille pour protéger mon voyage jusqu'à Compostelle.
Waouh.
Je suis de nouveau touché par ce geste et de la répétition de ce «présent» en une heure.
Intérieurement, je remercie la Vie que je recois comme un clin d’œil de protection , de douceur pour la suite de mon périple.
Je retourne, le coeur léger, sur le sentier de 9kms qui doit me mener à Hornillos del Camino
Les couleurs sont saisissantes entre ce chemin crème, ces champs d’un vert intense, qui contraste avec la lourdeur d’un ciel gris cotonneux.
La lumière me fait penser à celle d’une journée froide d’automne, avec l’envie d’un bon feu de cheminée ou je regarderais crépiter les flammes.
Idée pittoresque qui me fait sourire alors que je suis en pleine campagne, sans personne, ni traces d’habitations à l’horizon.
Rien ne peut venir perturber la rencontre avec soi.
Les pensées s’entrechoquent, glissent, reviennent comme une multitudes d images dans un kaléidoscope. Parfois, l’une d’entre elles s’installe, nourrit l espace de mon écran mental.
Elle respire dans mon corps, mon coeur, mes tripes.
Tout mon corps participe au message de cette pensée qui vient résonner pendant que je marche dans ce paysage abandonné.
Je ne lutte pas et regarde, ressens ce qui se passe en moi.
En ce moment, tout revient autour de ma vie affective avec le changement irréductible qui s’installe entre Marie et moi, propice à redéfinir le sens du mot relation, de mes attentes, de mes erreurs, de mes peurs.
Ce n’est pas un long monologue mais simplement des sensations, des images qui vous explosent à la figure en libérant un instantané de vérité.
Je comprends en filigrane le sens de nos chemins respectifs à venir, même si une partie de moi résiste encore à ce flux.
Hornillos del Camino.
Un petit village d’une soixantaine d’habitants avec une rue principale bordée de maisons mitoyennes concentrées d’un petit bar . Je le traverse, sans le voir réellement.
Le vent est bien présent en ce début d’après-midi.
Instinctivement, j’ai mis mon bandana pour couvrir ma tête et mes oreilles pour plus de confort.
Il me déporte de temps à autre, et le bruit devient parfois assourdissant dans cette succession de lignes droites vallonnées sur ce plateau.
Je ne suis rien face à la force de ce vent.
Il vient me rappeler la force de Dame Nature dans laquelle les éléments dansent librement sans besoin de notre accord.
Le corps souffre un peu mais je continue à garder le rythme tout en pestant contre ce vent jusqu'à HONTANAS..
La dernière descente m'amène dans ce joli petit village encaissé, aux rues étroites et biscornues, qui invite à se poser, hors du temps.
2 phrases sur la force de l’intention écrites à la craie sur une palette m’invitent à rentrer dans cette église, au début de ce village.
Un petit autel de sable avec quelques bougies et statues d’anges m’accueille . Une invitation à poser ce sac lourd, à délasser des jambes fatiguées et mettre une bougie pour cette enveloppe d’intentions que je pose dans ce mélange de sable et de lumière.
Moment de silence et de contemplation.
Pensées positives pour ces vœux qui marchent avec moi.
Remerciements.
15H28.
Trop tôt pour s’arrêter malgré la fatigue de ces 30 kms.
Pousser jusqu’à CASTROJERIZ me semble envisageable.
Je vais regretter cette décision.
2 ou 3 kms après, je marche doucement.
Le chemin de terre fait de bosses me fait grincer.
Les jambes sont dures, les mollets me brûlent et je reconnais assez vite certains points d’alerte avant la tendinite.
Pas le choix. Je ne peux pas faire demi tour.
Boire, ralentir, souffler mais avancer en direction de ce village qui semble loin.
Sur la route prés du couvent de San Anton, un moment musical « « We are the champions « de Queen « avec un bar désert, a ciel ouvert dans une ferme, me galvanise.
J’irai au bout de cette étape, comme celles d’avant, comme les prochaines.
C’est un choix et je n’ai pas à me plaindre car je l’ai décidé, me dis-je en regardant cette colline au loin, sur lequel s’adosse mon point d’arrivée.
Presque 2 h après, je rentre dans le village, CASTROJERIZ.
Apres quelques hésitations, j’opte pour une chambre, en solo, dans une auberge de charme « la Casa Grevillea » tenu par un Australien
Je suis cassé, et mon corps ( dos et jambes surtout) est très douloureux.
Heureusement, ma chambre est très confortable et je le mérite ce soir. C’est mon cadeau.
Douche chaude, soins des pieds, repos sur le lit sont des moments essentiels pour soi.
Je comate un peu pendant une heure avant de m’aérer un peu et de flâner dans les rues avoisinantes.
Hormis trois allemands ( 1 mec et 2 femmes ) qui discutent autour d’un verre, le café d’en face est désert et me permet un repas léger.
Je n’ai pas envie de discuter et ma demande intérieure semble entendue.
Ce soir , je m’endormirai vite en faisant le bilan de cette journée.
Une étape fatigante de 39 kms mais avec ses cadeaux, ses clins d’œil sur la bonne direction.
Un pas de plus vers soi, comme me le rappelle cette phrase sur cette palette
« Go confidently in the direction of your dreams »
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