COMPOSTELLE 2016 : JOUR 11 - MARSOLAN - CONDOM : 26 kms
Bonjour,
J'ai le plaisir de partager avec vous une nouvelle étape du chemin de Compostelle.
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Bonne lecture !
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26 septembre 2016
Les 1ères lueurs de l aube me sortent d'un sommeil profond sans souvenir de rêves.
Mes compagnons de chambrée comatent encore un peu.
Discrètement, je m'habille et descends mon sac à dos que je finis de mettre en ordre au rez de chaussée.
Le groupe de femmes est déjà là, s'affairant en silence pour le petit déjeuner ; silence de courte durée marqué par l'une d entre elles, oubliant que la porte d'entrée vitrée était fermée.
La rencontre est brutale et elle est sonnée.
On la fait s asseoir par terre pour récupérer. Hormis une grosse bosse, rien d'alarmant.
Je prends mon café en silence, indispensable pour connecter mes neurones encore brumeux.
Mon parcours du jour doit m emmener jusqu à CONDOM, étape au nom évocateur mais qui trouve sa source dans la contraction de 2 mots gaulois et celtes " condato et Magus" qui donnèrent le Condate- "la cité à la rencontre des eaux" ( plus d'lnfos ici)
Le jour se lève et je l'accompagne, quittant ce gite où résonnent encore dans ma tête les voix cristallines de ce groupe de femmes d' hier soir.
MARSOLAN ce matin est baigné d une lumière bleutée, ou les champs de tournesols brûlés complètent ce tableau propre à la déprime.
Les 5 premiers kms se déroulent vite jusqu à la chapelle d Abrin, (ultime vestige d'une commanderie des hospitaliers de SAINT JEAN DE JÉRUSALEM ) posée sur un lit de gazon, interdite aux manants, pèlerins et autre badauds pour poser ensuite ses pas sur un chemin qui va serpenter entre champs dorés et forêts.
Je me sens bizarre ce matin .
A vrai dire, quelque chose gronde en moi, que je sens monter depuis plusieurs jours.
Je pensais à tort que "marcher sur le chemin" me ferait prendre que du recul.
Trop facile !
Une sensation étrange telle une vague de fond intérieure, est venue brasser cette lie de mauvais souvenirs et d'émotions que je croyais avoir oubliés,
Ce matin , elle se dresse puissante, se fracassant sur le mur de mes certitudes pour mettre à nu certaines cicatrices que je n'avais franchement pas envie de regarder.
Une sensation de tristesse vient m envahir, me serrant d'un coup le plexus, le cœur et submerge d'un coup mon être tout entier pendant que je marche sur ce chemin bordé de champs de maïs ou me guette une forêt silencieuse.
Je ne m attendais pas à çà.
C est brutal.
Des images et des mots défilent et je ne peux que laisser ce tsunami émotionnel me traverser.
Ca me fait mal, terriblement mal dans tout mon être.
Je m'assieds contre un arbre dans ce sentier de forêt ou les larmes me submergent pour respirer et sentir l'humus, la présence de ce sol qui m accueille.
Je pleure, mais bien au delà de moi.
Mon âme pleure aussi.
Cette période était déjà difficile en soi sur le plan personnel. J étais en colère, en souffrance mais je ne voulais pas le voir, l'entendre clairement.
C est fait.Les vannes sont ouvertes
Tout cela est juste.Je me suis juste invité à regarder enfin en moi.
Et l'endroit est parfait pour être seul, pour oser "voir" et "sentir" en soi le sens de tous ces soubresauts que m'envoie la Vie.
Des moments de lucidité fugaces succèdent aux moments de colère en tête à tète avec la Vie.
Je ne sais pas combien de temps cela dura.
Je me revois reprendre mon sac et marcher en silence, plus calme, laissant les larmes couler
pendant ces 5 prochains kilomètres
Je marche, l'esprit vidé et le corps fatigué.
La civilisation réapparaît avec l approche de LA ROMIEU, ou il est urgent de m'arrêter pour prendre un café.
Je reconnais de loin certains pèlerins mais reste distant, vu la tête que je dois avoir.
De toute façon, je n ai pas envie de parler à quiconque.
J irai faire la visite de la collégiale après m être allé me recueillir en silence dans le chœur de l église.
Le choeur de l'église à des vertus bénéfiques, dont celles de ne pas se faire importuner par quiconque car le silence est respecté. Je m'en prends une bonne dose pour que ce calme vienne se diffuser dans chaque cellule de mon corps.
Je vais visiter rapidement les 2 tours,dont l'une comporte un double escalier circulaire autour d'un axe central, la toiture de l'église et et le calme du cloître.
Ce temps me fait du bien et je repars 1h après, pour 5 nouveau kms vers CASTELNAU D'aVIGNON.
Je m en souviens a peine.
De nouveau un chemin qui monte jusqu à la chapelle Sainte Germaine, que je ne visiterai pas. Mon âme s'est apaisée, mon cœur est encore lourd et je n ai pas envie d'aller converser intérieurement.
Juste marcher pour rentrer dans le corps.
Je le fais tellement bien que 2 kms après, je m aperçois que la route n est pas bonne.
Demi tour pour retrouver le fléchage que je n avais pas vu.
Puis de nouveau interrogation sur la direction.Je ne vois plus les signes ni le chemin.
Je vais errer ainsi une 1/2h sans trouver.
J'ai l'impression d'être dans une 4ème dimension : le pèlerin qui cherche sans fin son chemin.
Enfin, je comprends que malgré l absence de signes évidents, il fallait prendre à droite, sur un chemin qui se faufile le long d un lac.
Mon corps est fatigué.Je bois beaucoup.
Enfin CONDOM se dessine mais il reste à descendre cette longue longue pente sinueuse aventure de l atteindre.
Je ne sais pas où je vais dormir mais je vais déjà aller boire un verre et me poser.
Je suis à peine installé que je croise mes 3 baroudeurs lorrains d'hier soir.
On parle de la journée ( pas de la mienne). Ce soir, j'ai envie d'être au calme
J'ai été entendu.
Je trouve un gite neuf, "la Halte du Kiosque" ou je suis le seul hôte pour ce soir.
Une fois la douche récupératrice et les soins aux pieds effectués, je ressors flâner une bonne heure. Mes pas me conduisent au travers des rues pour passer par le centre ou après avoir salué D'artagnan, je vais me détendre dans cette majestueuse cathédrale du 12ème siècle.
Pas par dévotion , mais j'aime le silence des vieilles pierres de ces édifices et l'énergie qui y circule.
Arrive 10 minutes après, en silence, le groupe de femmes croisé hier au soir au gite.
Puis une voix cristalline s’élève magnifique, brisant le sceau du silence pour réchauffer ces murs.
Ce sont des minutes d'une grande beauté qui viennent bercer notre âme et adoucir notre corps après cette longue journée de marche.
Je ressors, délicieusement troublé par cette voix pour reprendre le chemin du gite
Après avoir mangé en tête en tête avec Fabiennz, la propriétaire, je monte me reposer dans cet grand espace pour moi tout seul.
Je voulais être tranquille. L'univers a pourvu a ma demande.
J'ai besoin de récupérer, de méditer sur cette journée particulière, de coucher quelques mots sur le papier.
Je m'endors assez vite en pensant à cette phrase de Jung :
"la vision ne devient claire que lorsque tu peux regarder dans ton cœur.
Celui qui regarde à l'extérieur rêve, Celui qui regarde à l'intérieur s'éveille."
Je pense que cette journée a du me réveiller un peu !
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