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Publié par ulysse92

21 septembre  2016

Après un déjeuner frugal et un dernier au revoir, je laisse mon amie Viviane à sa demeure « pleine de vie » si je peux l’exprimer ainsi.

Je dois rattraper au plus vite le GR 65, en reprenant des petites routes bitumées.
Ce sera chose faite après quelques aboiements de chiens méchants (on espère toujours que la grille soit bien fermée) sur les 3 kms supplémentaires pour me réveiller.

Il fait beau ce matin mais je me sens d’humeur triste.
Est-ce notre conversation sur le sens de nos vies respectives d’hier soir ?
J’ai du vague à l’âme aujourd’hui, et le chemin prend une allure de corvée.

 

COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)

Je retrouve des sentiers ou je traverse des hameaux sans intérêt « La Bouyssiere » « Le Pech » qui laissent entrevoir l’autoroute A20 étrangement calme.
Après lui avoir tourné le dos, le GR me réveille avec un bon dénivelé de 100 m et les montées sur des sentiers boisés.
Le corps se tend, les mollets grincent et j’adapte mon rythme en buvant régulièrement.
Arrivé vers 13h au stade près de la Guintarde , je croise de nouveau le couple d’allemands de l’Est en mode « pause ravitaillement ».
Le chemin a laissé quelques traces sur eux ( ampoules, inflammations tendons) mais ils gardent le moral en se prévoyant une étape de 30 kms.
On se souhaite chaleureusement » Bon chemin ».
C’est toujours curieux, cette magie du chemin.
Je croiserai certaines personnes plusieurs fois, d’autres jamais plus, et quelques-unes que je n’aurai pas soupçonné beaucoup plus loin dans le parcours. A chaque fois, il y a un petit clin d’œil, une phrase, un petit message pour la journée ou une réponse à ton questionnement intérieur resté en attente.

COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)
COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)

Le soleil est à son apogée et le sentier serpente entre des paysages vallonnés pendant 5 kms avant de découvrir CAHORS en contrebas.
CAHORS est une ville qui se mérite.
Et pour cause, la descente est vraiment abrupte sur 800 m.
Les pieds cognent au bout des chaussures à chaque pas. J’adopte la descente en diagonale pour limiter la raideur de la descente.
ça tape, ça grippe, les pieds brulent mais j’arrive enfin en bas.
Tiens ! Mon pèlerin allemand seul.
Sa femme souffrait tellement qu’une voiture l’a emmené dès le début de la pente pour la déposer au carrefour ou la terre est plus plate.

Direction le pont louis-Philippe ou je me dirige sur une terrasse de café ombragée pour m’accorder 30 minutes de repos, les pieds à l’air.
Un bonheur de sentir son corps en repos. Il me manque juste un bain frais pour que la détente soit optimale mais de là à aller plonger dans la fontaine à coté, n’exagérons pas!
Je remets les chaussures devenues étroites à mon gout, et déambule dans les ruelles de Cahors: d’abord à l’office de tourisme pour quelques infos,
ensuite à un "CASH Converters" pour acheter un câble iPhone ( ma batterie de téléphone était presque à zéro)
et pour terminer, je vais me recueillir dans la cathédrale Saint-Etienne de Cahors.

COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)
COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)
COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)
COMPOSTELLE 2016-JOUR 5 : LALBENQUE-GITE DES MAHIEUX ( 26 kms)

J’aime bien cette énergie particulière que je peux ressentir parfois à l’intérieur, et son silence.
J’allumerai quelques cierges pour méditer et envoyer de la lumière à mes proches, dont une pensée particulière pour la guérison d’une amie « Gaëlle », et un couple d’amis toulousains que la Vie n’épargne pas en ce moment.
Je prends le temps de flâner dans le cloitre avoisinant avant de replonger dans les ruelles peuplées de Cahors.
Je ressens le besoin de continuer mon chemin.
Trop de monde ici. Trop urbanisé aussi.


Je prends la direction du Pont Valentré qui se dessine devant moi, majestueux avec ses arches et ses pieds poses dans le LOT.

Une certaine émotion me saisit lorsque je pose mes premiers pas sur ce pont.
J’ai l’impression étrange de le traverser pour mes ancêtres, de marcher pour eux à ce moment-là, comme si je reliais quelque chose de subtil lié au passé.

La montée des marches à la sortie me replonge dans le réel.
Des marches taillées pour des géants dans la falaise font que je suis trempé en arrivant au sommet ou je surplombe le lot et son pont encore plus beau de ce côté.

J’appelle au hasard le gite des Mahieux qui a une place pour moi et qui me rappelle que le diner est à 19h.
il est 17h15. 5 petits kms à parcourir ou la route longe un autoroute pendant 2 kms.
Cette partie-là est longue, inintéressante au possible avant de retrouver la tranquillité sur le chemin.

Enfin , le gite avec la promesse d’une bonne douche.
Je serai dans une chambre, seul car l’autre personne ne vient pas.

Après un bon nettoyage, je retrouve à table Jean-Marc ( le pèlerin assis dans un fossé hier) et fais la connaissance de Jocelyne et Catherine (mère et fille) ou les conversations joyeuses nous font passer une bonne soirée.

Je retrouve mon lit avec bonheur et m’endors en pensant à quelques phrases éparses tirées de Jacques Musset sur le pèlerin :
« rappelez-vous l’essentielle vérité : le royaume intérieur, le trésor caché se découvrent seulement en marchant » « simples mots dont la vérité s’éclaire dans l’aventure du chemin, plus loin plus avant, plus profond »

 

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