COMPOSTELLE 2015- JOUR 7: ESPALION - BEZZOLES - 32 KMS
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17 septembre 2015
Les cloches dans le lointain viennent doucement me murmurer qu'il est 7h.
Sans réveiller mes voisins, je m'habille sans bruit et prends mon sac préparé hier soir.
Quelques personnes sont déjà dans la salle commune et nous déjeunons copieusement tout en échangeant quelques infos sur le chemin.
Sac couvert, poncho enfilé, je pars seul sous la pluie.
Pas de douleur coté tibia droit.
il s'est vraiment passé quelque chose d'extraordinaire hier.
Les 3 premiers kms passent vite, sous l herbe mouillée jusqu'à Bessejuouls avec des belles surprises pittoresques.
La montée jusqu'à Beauregard n n'est pas précisée et pourtant,sur la terre ocre ou l'eau ruisselle, c'est une bonne difficulté ou toute chute devient dangereuse.
De Beauregard a Verrières, c est de la boue, de l'eau, des chemins détrempés qu il faut contourner, sur fond de paysages de brume qui habillent l horizon.
J'alterne des montées et descentes à travers des chemins boisés pour atteindre ESTAING qui se découvre enfin au détour d'un virage.
ESTAING est un bien petit joli village posé au pied d'une rivière qui serpente sur toute sa longueur.
J'arpente quelques ruelles et prends un café mérité en terrasse, le temps de regarder mon itinéraire du jour.
Le soleil me réchauffe bien.
Plein d'énergie, je reprends la route ombragée sur 4 kms qui s écoulent doucement.
Pas de bruits de voiture, personne à l'horizon.
La platitude du chemin finirait presque par m ennuyer.
L'ennui s'arrêtera après ces 4 kms car la montée vers Fonteilles, après Montegut Bas et Montegut haut ( 300 m de dénivelé ) ne sera pas une partie de plaisir, mais quelle victoire de dépasser cela.
Les pas s enchaînent, côte après côte, lacet après lacet, caillou après caillou.
On ne pense plus à rien d'autre que poser son pied gauche après son pied droit.
On ne regarde plus en hauteur mais seulement le chemin du bout de ses pieds.
A ce moment là je me suis souvenu de l'état second pour la fabrication de mon tambour.
Je suis dans le même état.
Je suis simplement un pèlerin qui marche seul, face à lui-même.
Les notions de temps et de distance se sont effacées, ça fait bien longtemps que j ai oublié quel jour nous étions.
Je comprends maintenant comment le chemin vous lave, vous nettoie dans l effort pour vous faire passer à autre chose.
Et ça va continuer de monter jusqu'à GOLINHAC.
Petit village sans intérêt, ou tout est fermé l'après-midi.
Mon rêve de boire quelque chose de frais reste vain.
A 17 h le village continue d'être dans une torpeur hivernale, sans bruit, sans vie.
Alors je m assieds au soleil devant un panorama verdoyant de solitude tranquille.
Le soleil réchauffe tout mon corps sous le poncho et je profite de faire le lézard pour me nourrir de cette énergie, à défaut de manger le midi.
Un taxi s arrête, laissant descendre un japonais qui semble arriver de nulle part,
Ce spectacle me fait rire et devant la porte fermée de son gite, il est comme une mouche qui cherche à entrer par tous les moyens
Je finis par l'appeler et lui explique qu' ils ouvrent dans une heure.
Il vient d Osaka et a pris le taxi ( non, pas d Osaka ! ) mais de sa dernière étape car il était trop fatigué.
Il est rassuré et on se salue avent de partir.
Le gîte d Espérac, sur lequel je lorgnais une place, est complet.
Changement de stratégie. J'opte finalement pour BEZZOLES qui se révélera être un excellent choix à tout point de vue.
Sous la pluie je parcours 4 kms.
Ereinté, j arrive enfin vers 18h et découvre dans ce corps de ferme, à ma grande surprise, une chambre avec des murs en pierre qui m'apparait comme un beau cadeau.
Une douche salvatrice sera plus que nécessaire car mes tendons, mes abducteurs me brûlent.
32 kms mais pas un de plus.
Je suis fourbu.
Vers 19h30, un couple de randonneurs m'accompagne pour ce repas « fait maison » à base de produits du jardin et de la viande de bison. C est un vrai festin ou nous saurons tout sur l'élevage des bisons, de la vie à la ferme aujourd'hui.
Bien repu, je vais me mettre dans ce lit pour m'endormir vite, flottant sur les images de cette journée de marathon.