COMPOSTELLE 2015- JOUR 1 : LE PUY EN VELAY - ST PRIVAT D ALLIER : 24 KMS
Bonjour à tous
Je vous invite à découvrir le 1er article sur le tronçon "LE PUY EN VELAY -CONQUES" qui va s'effectuer en 8 jours et profite de l'occasion pour vous souhaiter chaleureusement une belle année 2017.
Bonne lecture
Jour 2 : 11 septembre 2015
Nuit agitée , ou subsiste le souvenir d une porte qu' on pousse pour entrer dans ma chambre et il me semble même entendre " lève toi ".
De vieilles peurs stériles sur les esprits qui viennent me taquiner pour m'aider à me réveiller.
1ère journée en ce 11 septembre 2015 ou je refais mon sac, sous forme de gestes automatiques comme un sportif qui fait le vide pour se préparer intérieurement.
Sur les cotés, les gourdes, au dessus le besoin immédiat, au fond le lourd pour la fin de journée.
20 mns de préparation et je passe dans la salle où il y a une promesse de petit déjeuner qui attend.
Je déchante vite devant une sorte de café en poudre franchement immonde qui me renvoie à des souvenirs d'armée ou je faisais mes classes sous la pluie.
Je jette tout et pars, l'estomac léger pour la messe de bénédiction à la cathédrale.
Je ne suis pas un fervent de messe, ni pratiquant de la religion catholique, loin de ma vision du monde, de l'énergie qui nous entoure.
En pénétrant dans le choeur, Je ne m'attendais pas à voir 60 personnes réunies pour prier.
Au hasard des bancs, je me retrouve assis entre 2 personnes empreintes d'une telle ferveur que j ai l impression d être le petit canard noir qui s est trompé de mare.
C'est cependant un beau moment. l'atmosphère est légère et le prêtre a beaucoup d'humour.
Pour terminer la cérémonie, tous les pèlerins se retrouvent auprès de la statue de Saint-Jacques pour recevoir la bénédiction dans toutes les langues.
Des français, des anglais, des allemands, des australiens, des chinois, des néerlandais, des québécois..
Voici un chemin de réputation internationale sur lequel viennent s ouvrir tous les cœurs.
De belles phrases axées sur la sincérité :
"On ne ment pas au chemin car cela finit toujours par te rattraper. "
"Vivez dans la sincérité, les choses simples de cœur."
Une petite médaille offerte, un 1er tampon de crédenciale et je remets mon sac à dos.
Je tourne mon regard vers les portes ouvertes sur le lointain.
L'excitation est à son comble, , le cœur bat plus vite.
Je marche vers la sortie, les pas sont fermes et décidés.
Ca y est ... je suis parti !
Il est 8 h15 et l aventure commence, en descendant les marches de la cathédrale.
De nombreux locaux viennent vous encourager et vous saluer, tel le pèlerin partant vers un périple dont l' issue est inconnue.
La sortie du Puy en Velay est bien signalée et nous emmène sur une belle montée de 9 kms qui serpentera jusqu'à a saint Christophe de Dolaizon.
Je croise sur les 1ers kms un allemand et en échangeant avec lui grâce à «mon anglais légendaire » , notre distraction respective nous fera faire un aller retour de 800 m avec un beau dénivelé dont je me serais bien passé.
1ere expérience : Le chemin est ouvert mais la vigilance reste de mise pour suivre les signes ou les panneaux.
Un premier contact avec la nature qui semble observer le défilé des sacs à dos qui s'étire sur le chemin. Des sentiers boisés que nous parcourons vite, comme des personnes avides de se nourrir de kilomètres.
Saint Christophe de Dolaizon sera l'occasion de boire une gourde d'eau que ma vessie ne tolérera pas longtemps. Ouf , tout est prévu dans ces haltes pour qu'on se sente plus léger !
Je remets le sac à dos qui va devenir avec le temps un compagnon indispensable, lourd parfois à supporter. Je regarde partir le pèlerin allemand mais ne le suivrai pas.
J'ai envie d être un peu seul sur le chemin.
Je me laisse absorber par des courbes et des lacets avec de faux plats ou le sac se fera lourd jusqu'à Montbonnet.
Des croix décorées de cailloux déposés par des pèlerins, se découvrent de temps à autre au virage de sentiers, de petites routes que les voitures ne semblent pas connaitre.
Mes jambes me rappellent que j ai bien marché depuis ce matin : 16 kms en 4h30
Ma veste anti transpirante est une veste de sudation et le haut de mon pantalon est trempé.
Le chemin est un chemin de traverses, où chacun porte son poids.
Le mien me fait bien transpirer.
A Montbonnet, mon corps et mon esprit réclament un peu de détente.
Un petit bar snack le saint Jacques me semble être une trêve acceptable.
Attablé au soleil, le patron me verse une bière. Sa couleur, son amertume sont un réconfort qui vous chauffent l'âme et le corps. Un bon sandwich au jambon de pays et les forces reviennent.
Le bonheur est fait de choses simples au quotidien, enfin surtout après 16 kms.
J'en profite pour réserver par téléphone un lit au gite d'étape « la Cabourne ».
Je discute avec Jean-Michel, un retraité très sympa , des australiens et un gars du Gers, Christian. Tous des pèlerins qui viennent se chauffer au soleil et oublier leurs courbatures.
Après quelques moments de partage sur les kms écoulés, je pars faire les 7 kms restants avec Jean-Michel à travers des sous bois cachant une bonne cote d' un 1,5 km qui chauffe les articulations.
Dans un champ, 200 élèves qui attendent pour faire ces derniers kms avec leurs professeurs, une tradition collégiale faisant partie de leur tradition annuelle en septembre.
Nous accélérons le pas, bien décidés à ne pas se faire absorber par cette marée de collégiens.
En vain, elle déferlera sur nous, 2 kms plus loin.
Nous retrouverons notre quiétude en rejoignant les lisières de la foret, après avoir traversé un ou 2 carrefours.
Dernière descente en sous-bois, avec des pierres glissantes mais le village se dessine devant nous.
Arrivée à Saint-Privat d'Allier : le corps est fourbu, l âme est légère.
Le sac est lourd, les chaussures sont lourdes. Les pieds sont fatigués mais les chaussettes « anti-ampoules » ont tenu leurs promesses.
Arrivé au gite « La Cabourne », je m'aperçois que c'est un gros gite d'étape pour une cinquantaine de randonneurs.
Trop de monde pour moi.
J'ai envie ce soir , d'intimité, de calme.
J'annule ma réservation pour réserver au kompost'l avec 3 pèlerins.
Le gîte est très agréable. Dortoir de 4 chambres avec salle à manger ,cuisine.
Le chemin me montre encore une chose : se laisser porter et faire confiance.
Tout le monde passe par la case douche, étape obligatoire ou tu profites pour laver tes petites affaires ( chaussettes, boxer, tee-shirt).
L idée d un plat chaud, simplement d'une bonne soupe maison nous emmène tous à la seule vieille auberge du coin..
Le patron est un vieil ours mal léché, taillé comme un rugbyman, buvant l'apéro avec ses potes tandis que sa femme se démène et assure seule le service avec le sourire.
nous mangeons rapidement, discutant de notre prochaine étape et de nos motivations pour faire le chemin.
Rassasié, je me couche tôt a 21h30 suivi par mes 3 compagnons de nuitée.
Tout le monde s'endort vite, harassé par cette journée de 24 kms.